Jules Seizart, quand la danse rencontre le graffiti

– Johanna Beeckman –

Originaire de Bruxelles, Jules Rozenwajn aka Jules Seizart est un danseur hybride de breakdance et contemporain. En constante recherche d’expression, il a décidé d’allier deux passions communes, graffiti et danse, pour son projet “Layers”. Des couches de sa vie, d’inspirations et de rencontres.

Initié par son cousin, le danseur découvre l’univers du breakdance et ses valeurs  à l’âge de 15 ans. Véritable autodidacte, c’est en observant les mouvements des plus grands qu’il apprend et acquiert petit à petit sa propre technique, sa propre “patte” comme il l’aime l’appeler. Sa curiosité le pousse aussi à s’intéresser à d’autres styles comme la capoeira, le hip-hop, l’acro-danse ou encore la danse contemporaine.

Le mouvement comme expression du viscéral

L’art a de magique cette capacité de faire ressortir ce qu’il y a de plus profond en nous.  Très tôt, pour Jules, le break s’est révélé être le moyen d’expression par excellence.

“La danse c’est l’expression du viscéral, c’est la meilleure façon pour le corps de sortir de sa pensée et d’être dans le moment présent ; d’être connecté avec son énergie intérieure”.

C’est ainsi sans relâche et avec persévérance qu’il consacre la plupart de son temps et de son énergie à s’entraîner à la maîtrise et à l’apprentissage de ses mouvements. Cependant, une blessure l’oblige à arrêter momentanément et le détourne vers une autre discipline: le graffiti. Dans cet art,  dans lequel il retrouve la même énergie qu’en danse, il a également pu s’exprimer pleinement. “Je ne partageais pas beaucoup mes émotions et le graffiti m’a permis d’écrire ce que je ressentais sur les murs”.

Layers, fusion entre break et graffiti

La dextérité et la hargne des mouvements de Jules, dans sa performance Layers, ne peuvent laisser indifférent. Sa composition est un mélange entre danse et performance physique, art plastique et chorégraphie où l’artiste s’abandonne totalement à un lâcher-prise nécessaire à l’inspiration et à la créativité.

Après avoir expérimenté le breakdance et le graffiti, Jules constate que les deux disciplines ont des points communs : “Il y a des répétitions de mouvements, de l’entraînement, on développe son style, c’est exactement pareil que la breakdance”. “Le tag est un mouvement rythmique fait de cercles, de lettres, de lignes et de points très précis (…) et on retrouve la même chose avec la danse”. Ces similarités, Jules les exploite et fusionne pour son projet Layers (“couches” en anglais). Cette performance est un assemblage de disciplines qui se superposent et se croisent. Véritable accumulation de rencontres et approches artistiques, Layers représente aussi des couches plus intimes de la vie de du danseur, une façon d’exprimer ce qu’il y a de plus viscéral en lui.

« Ma danse représente l’impulsivité semblable à celle qui m’anime dans le graffiti, quelque chose de pulsionnel, de viscéral et à la fois très contrôlé. Un désir presque inné d’exprimer ce qui brûle dans mes tripes. Depuis tout petit, je sens cette force en moi qui m’habite, me définit et me représente ».

Derrière cette création, se cache également un long processus de recherches et de travail sur soi. Son inspiration, il la puise partout: “Regarder dans la rue un graffiti me donne un langage chorégraphique corporel”. Le graffiti est d’ailleurs pour lui une forme de danse. “Quand on graffe, on bouge, on respire d’une certaine façon (…) c’est déjà une forme de danse”.

Un des aspects qui fait la particularité de Jules réside incontestablement dans son approche même de la danse : il mélange des influences de danse contemporaine tout en gardant son ancrage de danseur break. Il utilise ainsi la musique non pas comme une base sur laquelle chorégraphier mais davantage comme un outil qui lui permet de puiser son énergie. Dans la plupart de ses chorégraphies, il compose d’ailleurs ses propres instrumentales avec Adrien Pinet, un ami ingénieur du son. Un univers hétéroclite où il mêle musique expérimentale, techno et hip-hop. 

L’autre différence qui le démarque, cette fois-ci des graffeurs, est son rapport au sol qu’il s’approprie volontiers. “Je vais m’appuyer au sol, je vais remonter et peindre sur le sol ; j’ai pas de limite d’espace”. Ces singularités que le danseur cultive lui permettent ainsi d’être beaucoup plus libre et de ne pas se restreindre dans l’espace. “Le break apporte cette possibilité de mettre son corps où on veut dans l’espace,  c’est  ça que je voulais faire sur scène”.

A long terme, Jules Seizart souhaite continuer à danser pour la Compagnie Abis et faire de nouvelles collaborations inspirantes. Quant au concept de « graffiti danse », il espère le développer comme thérapie en organisant des workshops pluridisciplinaires mêlant danse, peinture et musique. 

Pour en savoir plus, retrouvez Jules Seizart sur les réseaux.

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